wake up, it's time to leave (R)

Le soleil se levait doucement sur la ville de Chicago. Le journal était distribué et jeté sur chaque allée ; les bouteilles de lait délicatement posées sur le palier. Le ciel était couvert de légers nuages mais une belle journée s’annonçait. Une brise matinale balayait les ruelles. Harlow s’était réveillée il y a plus d’une heure. Incapable de se rendormir, elle s’était habillée à la hâte, choisissant chacun des vêtements qu’elle allait porter avec la plus grande attention et s’était coiffée. Elle était vêtue d’une chemise à carreaux et d’un short en jean. Elle était belle. Et elle le savait. Mais pourquoi donc ne pouvait-elle pas conquérir, ou plutôt reconquérir Ross ? A cause de sa nouvelle femme, Smoky ? Elle grimaça à son nom. L’air était embaumé d’un parfum à la vanille, mêlée à une odeur de cigarettes écrasées. Le bruit de la télévision, qui était sur la chaîne des dessins animés pour enfants résonnait au sein de l’appartement. Harlow adorait les dessins animés. Et elle n’en avait pas honte, loin de là ! Même si elle savait qu’on la regarderait de travers, cela lui était égal. Elle était plutôt du genre je m’en foutiste. Harlow se chaussa et ouvrit la porte, laissant alors l’atmosphère matinale s’engouffrer à l’intérieur de l’appartement. Elle traversa la pelouse verdoyante, fraîchement arrosée, laissant ainsi l’effluve de vanille se mêler à la brise matinale. Le silence était maître. Elle était seule, à l’extérieur. Il devait être huit heures du matin mais elle ne vit personne. Que des voitures garées en double-file, face aux maisons voisines. Son regard se posa sur la maison de Maxine, une voisine qui était sans doute l’une de ses plus proches amies. Chaque semaine, elles organisaient un tournoi de cartes et battaient leurs adversaires. Harlow lui offrait des cookies et réciproquement. C’était une amitié de voisinage, plus ou moins. Elle sortir une cigarette d’un ancien paquet resté dans sa poche et la porta à la bouche. Elle inspira la douce fumée et l’expira avant de répéter le même mouvement. Personne ne savait qu’elle fumait. Elle s’était même promise de ne jamais toucher à la moindre cigarette. Sottise ! Assise en tailleur sur l’herbe coupée ras, une cigarette à demi consumée entre ses lèvres, elle la finit en quelques minutes. Quelques voisins sortaient de leur maison, partant travailler. Elle n’allait pas travailler aujourd’hui. Elle n’en avait pas envie. Elle travaillait à son compte alors pourquoi se priver de ces avantages ? Elle se dirigea à pas feutrés vers la maison de Maxine et frappa avec son poing sur la porte en bois. Quelques secondes passèrent, sans que personne n’intervienne. Puis, la porte s’ouvrit et Maxine apparut, les cheveux ébouriffés, les yeux à demi ouverts. Ses joues étaient pâles et de grosses cernes apparaissaient au-dessous de chaque œil. « Mbrg. Bordel, Harlow. Qu’est-ce que tu fous là à cette heure-ci ? » Harlow gloussa et entra sans gêne dans l’appartement de son amie. Les volets étaient fermés, les rideaux tirés. Aucune luminosité n’entrait dans l’appartement. Elle décida d’y remédier. Elle s’approcha de la machine à café et en servit deux. Elle déposa les tasses sur la table et invita son amie à s’y asseoir. Elles s’exécutèrent, en silence. « Je croyais que tu n’allais pas au travail. Pourquoi te lèves-tu aussi tôt, bon sang ? » marmonna Maxine, qui s’éveillait à peine. Ses lèvres étaient sèches et ses yeux embués. Elle but son café d’un trait et s’en prépara un second. Harlow haussa les épaules, l’air toujours aussi gai.