Yseult - 100%

J'ai toujours aimé les mythes, les comptes, les légendes ... Alors quand j'ai eu mon premier enfant il était évident qu'il allait avoir un prénom tiré de ces histoires. Durant mes neufs mois de grossesse j'ai longtemps cherché le nom parfait. Ismène ? Pas assez jolie. Venus ? Mon mari n'aimait pas. Pénélope ? Pas assez original. Magdalena ? Jolie, mais c'était le prénom d'une prostitué... Pendant plus de six mois ca a été comme ça, jusqu'au jour où j'ai pensé à la ce merveilleuse histoire de Tristan et Yseult.

Jusqu'à mes seize ans j'ai vécu en France, dans la plus belle ville du monde à mes yeux, Lyon. Dès que j'ai eu l'age de 'faire ma vie' j'aimais arpenter les rues de ce quartier tellement beau de Lyon qu'est Saint Jean. Avec une bande de pote on s'installait dans une rue assez fréquentée mais assez loin des commerces et on jouait de la musique pour récolter quelques pièces (on faisait plus ca pour le fun que pour le fric). Antoine était à la derbouka, Maxime à la guitare, Lucie au chant, Théodore à l'harmonica et moi à la guitare et au chant. Oui une petite troupe de musicien des quartiers aisée de la ville lumière. Nous étions des bobos quoi.
Je connaissait Théodore depuis la troisième, c'était un parisien qui avait déménagé malgré lui en région lyonnaise, et dès que je l'ai rencontré je me suis fixé le défi de lui faire aimer cette ville. Dix jours après notre rentrée en troisième, je lui ai dit "Retrouve moi à quatorze heure au métro Bellecour." il a accepté sans hésité avec un sourire. Je lui plaisais et ca se voyait. Ce jour là je l'ai donc amené dans mon quartier préféré, je l'ai guidée dans les petites rues, on a pris un chocolat dans un café tout mignon et on a beaucoup parlé. On a recommencé ce genre de journée plusieurs fois, on se voyait beaucoup et nos amis n'attendait qu'une chose : qu'on sorte ensemble. Ne le voyant pas prendre les choses en main, je l'ai embrassé alors qu'on s'apprêtait à entré dans le train fantôme. Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai toujours été une fille qualifiée de fonceuse mais je ne savais pas que j'étais capable d'une chose pareil. En tout cas mon coté fonceur a payé, car je suis sortie avec Thédore pendant un an et demi et j'étais folle amoureuse de ce garçon.

Mon père fût muté aux USA, à Chicago plus précisément pour son travail. Le déménagement fût rapide, en quelques mois on vendit notre appartement et fûmes nos cartons. On trouva un lycée français à Chicago où je pourrais poursuivre ma scolarité et passé mon bac. Inutile de vous dire que ce déménagement m'enchantait guère. Quitter Lyon, ma famille, mes amis a été la chose la plus dur que j'ai dû faire jusqu'à présent. Théodore et moi avons rompus à l'aéroport où il avait tant tenu à m'accompagner. La rupture fut une chose horrible pour moi, une chose qui me déchira la cœur, une chose qui me laissa un poid sur l'estomac pendant plusieurs jours, cependant je n'ai jamais pleuré. Car je ne pleure jamais. Je n'aime pas pleurer. Pleurer c'est montrer sa faiblesse, et il ne faut jamais la montrer. Je sais que pleurer un bon coup ca fait du bien, mais je suis comme ca, je n'aime pas montrer mes sentiments ...
Je m'habitua très vite à la vie à Chicago, je me forma très vite un cercle d'amis et en un an je parlais couramment l'anglais (avec toujours ce petit accent français qui fait sourire les gens)

Aujourd'hui cela fait huit ans que je vis à Chicago, j'ai appris à aimer cette ville comme Théodore a appris à aimer Lyon. Cependant je n'oublie pas cette ville où je retourne souvent lorsque l'argent me le permet. Mon accent français n'est plus très présent, mais il se manifeste quand je suis énervée ou gênée (impossible donc de tricher). Depuis septembre je suis professeur de français au lycée où j'enseigne avec amour ma langue maternelle aux adolescents Américains.